Croisade : Étape # 1

Elle était là, on l'avait appelée. Jeanne, la sorcière. Jeanne, la mort des impurs.

Le père supérieur de ce camp était présent, toujours aussi souriant tandis qu'elle, à ses cotés, était sobre. Elle attendait avec la plus grande des patiences. La patience, elle y était habituée. Elle était là, fixe. Debout. Les pieds nus.
Il pleuvait, la terre était boueuse, l'air humide et ils étaient là, tout deux immobiles. Immobiles et seuls.

"Ils ne tarderont pas, pas d'inquiétude mon enfant." Dit le vieillard gentiment à Jeanne. Elle ne répondit pas, mais pensait bel et bien à bien des possibilités de réponses. Elle aurait bien aimé lui dire qu'elle n'était pas un enfant juste parce qu'il était vieux. Elle aurait bien aimé lui dire qu'il n'a point le droit de lui adresser la parole, mais c'était inutile, pensait-elle. Il était surement sénile, le vieux. Avec son sourire trop grand pour être vrai, c'était un homme faux. Il portait la croix sans même savoir pour qui il le faisait. C'est l'un de ceux qui parlent de Dieu sans même l'avoir côtoyé alors qu'elle savait qu'il était. Elle le connaissait même très bien, trop bien. Elle lui parlait. Elle.

Elle était aux aguets, ils allaient partir, le vieux et ses mains dans son dos ne viendraient pas. Il ne serviraient à rien, quoi que les inconnus non plus. Ils ne serviraient à rien. Juste à mourir pour elle si l'utilité s'en sentait. Jeanne n'était pas là pour se faire des amis.

Le ciel gris annonçaient la journée, elle serait sombre et vide. Il n'y avait personne dehors, sauf eux, il était très tôt le matin.
Lorsqu'une ombre se dessina doucement, le sourire du père supérieur grandit encore. Il avait donc une bien large bouche avec de bien larges lèvres...

Azmaria arrivait enfin dans ce camp, perdu au milieu de nulle part, remplit d'hommes sales, fatigués, et ne désirant rien d'autre que la paix. En effet, les désirs, les buts poursuivis par le saint empire n'importent pas tout le monde. Azmaria se croyait être l'une des seules, ici; pour qui ça importait. Elle n'était pas là pour le plaisir et encore moins pour regarder tout ce monde, déprimant.

Ainsi elle pénétra le camp, aborda le premier sentier venu et, sans poser la moindre question, se laissa guider par un sentiment intime. Après avoir marché une vingtaine de minutes, elle trouva ce qu'elle cherchait. Il y avait là une jeune fille un peu plus grande qu'elle. Elle était étrangement vêtue. À coté de celle-ci, un vieillard au sourire étrange. Il avait quelque chose d'inquiétant, au milieu de cette boue, sous ce ciel gris, un homme au si large sourire faisait presque peur à voir.

La petite enfant qu'était Azmaria s'approcha des deux inconnus et se pencha légèrement, telle une révérence, avant de se présenter. "Mon prénom est Azmaria, je suis l'apôtre." fit-elle simplement. Elle vit alors le sourire du père supérieur s'élargir encore mais fut perturbée par l'absence d'expression persistante sur le visage de l'autre enfant. "Bonjour mon enfant, je te présent Jeanne, la Sainte guerrière." lui répondit le vieux père, toujours aussi sourire.

Mais ils étaient déjà plus que trois, car arrivaient d'autres personnes encore. Le départ se profilait déjà dans la tête de l'enfant... Sa mission allait commencer. Elle devait faire vite.

Nicholas s'avançait, croix sur le dos, déjà prête depuis plusieurs jours. Il avait ses lunettes sur le nez, le même costume mal repassé depuis des jours. Ses cheveux étaient humide, ce qui lui servait de maison avait prit l'eau, avec la grosse pluie de cette nuit. C'était tant mieux, préferait-il penser. Car en effet, rien ne lui manquerait plus.

Il s'arrêta net à environ un mètre de ses compère dont un, qu'il connaissait déjà. C'était le vieux, là... Mais les deux jeunes, très jeunes filles, il n'avait pas souvenir de les avoir rencontrées. On lui avait parlé d'une enfant, mais laquelle était-ce donc ? Peu importait au final, le père supérieur les lui présenta et il fit de même, en observant -derrière ses lunettes de soleil- tout de même l'étrange allure de Jeanne et la gamine qu'était Azmaria. Qu'allaient-ils faire avec de telles enfants ??

"On va faire du baby-sitting ?" demanda-t-il, sur le ton de la rigolade. Il posa sa croix, plus grande que lui, au sol, et s'appuya dessus, souriant gaiment.

De son coté, le prêtre arrivait. Il était de nature sobre voire sombre, il marchait, les bras le longs du corps. Il ne pensait à rien sauf au fait de partir, enfin, et en espérant que cette mission prétendue importante ne prenne pas trop de temps.
Une fois sa petite marche terminée, il arrivait face à ses compère. Deux jeunes fille, le jeune homme à lunette et le vieillard souriant. Ca faisait une belle bande de clowns, rien qui puisse faire peur aux "hérétiques", à priori...

Mais il les reconsidéra un instant. Les deux jeunes filles n'avaient rien de jeunes filles sauf l'apparence, il s'agissait d'autre chose. Elles avaient quelque chose qui ne tenait pas de l'humain. L'une ne parlait pas, ne disait rien, avec un regard vide mais d'elle émanait cela-dit une présence particulière. L'autre, plus jeune encore, était vêtue simplement, mais son air de véritable enfant, cela-dit calme et confiante, la rendait étrangement inquiétante. Elle n'avait pas d'arme, le père Isaak savait qu'elle devait avoir quelque chose d'un tant soit peu spécial, et le fait de ne pas le voir directement sur elle la rendait plus inquiétante encore.

Tandis que pour le grand homme aux lunettes de soleil, on savait tout de suite qu'il était armé, ca n'était qu'un homme comme bien d'autres. Après, comme chacun d'entre eux, il pourrait surement se révéler utile... Mais il était facilement remlacable, à priori.

Ivan leva son chapeau de cow-boy et pencha légèrement la tête. "Mes enfants, nous sommes prêts à partir... Pardonnez-moi mon frère mais nous avons une longue route à parcourir." Dit-il au père supérieur. "Pas d'inquiétude mon ami, je vous les confie, prenez soin de vous." Lui répondit-il en souriant, retirant sa main du dos de la sainte vivante. Et s'en allant déjà...

Le père Isaak fit les premier pas, sans demander plus ample présentations, il s'attendait bien entendu à ce que tout le monde le suive, et le contraire ne l'importait pas. Ils se devaient tous de partir désormais.